À mon tour, je reprendrais volontiers la phrase de Pascal que cite Pierre Boismenu :

“Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n’être pas fou“.
N’est-ce pas là la meilleure définition possible de l’analyste dans son acte ?
Car lorsque les formes du mal-être cherchent une adresse, elles rencontrent le plus souvent des discours qui, prétendant avoir la réponse, évitent la question : “comment ça va pas“, pour reprendre les termes du rabbin Delphine Horvilleur.
De tels discours, le monde en a à sa disposition une multitude.
Ils ont tous comme caractéristique de passer sous silence celui à qui on s’adresse.
Il n’y a alors nulle hospitalité, pour reprendre cette fois les termes de Claude Jeangirard.
D’où s’éclaire l’éthique de l’analyste : assurer qu’il y ait un lieu pour le (bien) dire.
Qu’il y ait de l’Autre.
Quelque chose précède donc l’acte de l’analyste. Quelque chose d’inéliminable. La façon dont l’analyste se trouve impliqué dans sa parole au moment où lui surgit l’interprétation.
Ce qui importe alors ce n’est pas le “contre-transfert“ de l’analyste, ce qui est le plus souvent la face de sa résistance, mais ce que je me propose de développer, son “contre-fantasme“, soit ce qui soutient son désir sur lequel il convient en effet de ne pas céder.
Autrement dit,
Toute véritable interprétation surgit du lieu même d’où la parole a pris naissance pour l’analyste lui-même.

Du moins c’est ce que je tenterai de soutenir.