Les Mercredis du Cercle freudien

Programme de l’année 2016

 

Acte, politique, éthique
suite

 La psychanalyse freudienne et lacanienne constitue la référence fondamentale du Cercle freudien, faut-il le rappeler. Cette référence, elle s’est, cependant, constituée au cours d’années traversées par de nombreux changements sociaux, culturels, politiques, et par des bouleversements tant durant le siècle de Freud que celui de Lacan.

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Theme de l’annee

 
  • MERCREDI 13 JANVIER 2016

Françoise WILDER

Autour de son livre : Margarethe HILFERDING
« Une femme chez les premiers psychanalystes »
éd. EPEL

Présidente de séance : Maryse Martin

  • MERCREDI 27 JANVIER 2016

Henriette MICHAUD

Autour de son livre :

Freud éditeur
Les Almanachs de la psychanalyse (1925-1938)
éditions Campagne Première

Freud a toujours su que l’indépendance éditoriale assurait la liberté de sa pensée et la vie de la psychanalyse. Les treize volumes des Almanachs de la psychanalyse, publiés dans sa maison d’édition viennoise ( Editions psychanalytiques internationales), révèlent l’intense activité de Freud dans sa maison d’édition pendant les dernières années de sa vie à Vienne.
Les Almanachs témoignent de l’enjeu majeur que représentaient les publications de livres et de revues pour la survie de la psychanalyse, entre 1926 et 1938. Leur visée était essentiellement le soutien de la « psychanalyse profane », c’est-à-dire de la possibilité, pour des non médecins, de conduire des cures. Freud était quasiment le seul, face au monde anglo-saxon, à soutenir cette possibilité  et à prôner la prise en compte de la haute culture littéraire, artistique et scientifique dans la formation des analystes.
Qu’en est-il aujourd’hui? Dans une autre période mouvementée de l’histoire de l’Europe et du monde.  la question de l’analyse profane  — et comment témoigner de cette clinique dans des publications— apparait, à la lumière des Almanachs, dans toute son actualité.

Nous pourrons échanger à propos de ces enjeux, leurs résonances dans une association de psychanalyse comme le Cercle freudien.
 

Présidente de séance : Maryse Martin

 

  • MERCREDI 10 FEVRIER 2016

Nora MARKMAN

« Interventions du psychanalyste et tâche civilisatrice »

Présidente de séance : Nicole Sorand

  • MERCREDI 9 MARS 2016

Françoise LABES

« Dès que vous habitez un certain type de discours vous êtes bon pour qu’il vous commande »
Lacan   D’un discours qui ne serait pas du semblant  p137

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le recul de la psychanalyse s’accompagne d’une inflation de la psychologisation de l’ensemble des rapports des humains entre eux, accomplissant ce que Michel Foucault déplorait sous le terme de la « fonction psy ».
Dans  quelle mesure les psychanalystes eux même participent ils à cette évolution ?
Nous devons nous demander ce qui dans nos discours et nos actes de psychanalystes a pu faire défaut au point de nous soumettre au « dispositif de pouvoir comme instance productrice d’une pratique discursive »
L’exemple des avatars cliniques et médiatiques  de la notion de perversion depuis le tournant du siècle permet de mettre cette question au travail. De la genèse du très prégnant concept de « pervers narcissique » dans la vie professionnelle et amoureuse des français, comme le constate l’historienne Julie Mazaleigue Labaste, à l’étude de la loi sur le harcèlement moral nous tenterons avec l’aide de quelques auteurs de retrouver les chemins d’une clinique et d’une éthique de la psychanalyse.

Présidente de séance : Laurence Gilloire

 

 

  •  MERCREDI 23 MARS 2016

Thierry de ROCHEGONDE

« A beam of intense darkness,
attachement à la psychanalyse et découverte de l’héritage de Bion » 

A l’occasion de la traduction en français du livre de James S. Grotstein  portant ce beau titre assez énigmatique, j’essaierai de présenter ma découverte progressive et encore débutante de l’œuvre de Bion, et notamment du « dernier  » Bion. J’insisterai à cette occasion sur cette « capacité négative » que Bion met au centre de ce qui nous fait analyste de nos patients et singularise notre pratique relativement à toute autre. Pour peu qu’on s’y intéresse vraiment, voilà que la psychanalyse pourrait y retrouver de quoi faire « rêver »!

 

Président de séance : Claude Spielmann

 
 
  • MERCREDI 6 AVRIL 2016

Patrick HOCHART

La folie de l’obligation 

De décembre 1942 à Mai 1943, S. Weil travaille à Londres, dans le cadre de la France combattante, au « Prélude d’une déclaration des devoirs envers l’être humain », en contrepoint à ce qui s’élabore autour de R. Cassin et qui aboutira à la « Déclaration universelle des droits de l’homme ». Soit donc à tracer les linéaments de « l’oeuvre claire » d’une philosophe qui, au coeur du désastre, se met en quête des fondements du politique et procède à une critique aiguë de la notion de « personne » et de la revendication des droits.

Présidente de séance : Laurence Gilloire

 
  •  MERCREDI 11 MAI 2016

Alice CHERKI

De la honte à la place du regard

« Je m’attacherais à parler des adolescents et jeunes adultes parmi les plus déshérités
que j’appelle « les enfants de l’actuel » ou « les exclus de l’intérieur ». Je me suis interrogée sur le passage de la honte à la haine chez un grand nombre d’entre eux qui se sentent stigmatisés par le regard porté sur eux.
Je m’accorde avec Freud qui en 1915 dans « Pulsions et destin des pulsions »  souligne
l’antériorité de la haine sur l’amour.
La haine, rangée parmi les passions de l’être au plus près de l’existence, est une lutte du
moi pour sa conservation et son affirmation, écrit-il dans Pulsions et destins des pulsions
en 1915 déjà. La haine comme relation à l’objet, ajoute-t-il est plus ancienne que l’amour.
Elle prend sa source dans la récusation émanant du moi narcissique, vivant ces stimulus (le mot est de Freud) comme désagréables voire dangereux pour la conservation du moi, d’un moi extrêmement fragile. La haine précède l’amour, l’objet du déplaisir est haï et ensuite aimé si quelque satisfaction vient conforter le moi » .


Présidente de séance, Nicole Sorand.

  • MERCREDI 25 MAI 2016

Anne BOURGAIN

Le corps, la langue, le politique. Questions pour la psychanalyse à venir.

Comment tenir notre position d’analyste et éviter les effets d’assujettissement ? nous essaierons de répondre à l’invitation du Cercle Freudien de penser ces questions en interrogeant notre rapport toujours singulier à la pratique analytique.

Pour ce faire, nous tenterons de rendre compte de ce qui a nourri le séminaire mené avec Manuel Pérez Rodrigo de 2009 à 2016, d’abord dans le cadre de l’IHEP dirigé par René Major, puis à partir de 2011 sous la double égide de l’IHEP et du Cercle Freudien.

Si ce séminaire s’est ouvert en 2009 avec la participation de Claude Maillard, puis celle de Michel Hessel à partir de 2011 et de quelques autres membres du Cercle qui ont permis des échanges particulièrement féconds, il a aussi été un lieu où ont pu engager leur parole des étudiants, jeunes cliniciens, ou autres analystes en formation.

Soulignons le puisque Daniel Weiss (a negative enough transference) nous rappelait au début de cette année que le Cercle Freudien tenait à «se démarquer du modèle universitaire », précisément pour soutenir le discours analytique et la singularité de l’acte. Peut-être faut-il préciser que nos jeunes collègues ne fréquentent pas le séminaire « en tant qu’étudiants » mais justement pour faire un certain pas de côté par rapport à l’institution universitaire et à ses œillères. Comment continuer à inventer autrement qu’en se tenant un peu à côté, dans les interstices, et aux frontières ?

Nous tenterons donc de dire quels chemins de traverse nous avons empruntés autour du Cercle, parfois un peu en marge, et en même temps bien ancrés en lui, pour croiser la littérature et la psychanalyse, la philosophie et le politique afin de garder la langue vivante3, sans pour autant perdre la spécificité analytique.

L’enjeu fut d’abord de situer le corps et la langue entre promesse et menace et d’en repérer les possibles nouages. Il s’agissait – et il s’agit toujours – de montrer en quoi la langue, par sa force subversive, est un enjeu majeur pour la clinique analytique.
Nous témoignerons de ce que nous avons voulu ensuite mettre au travail : la clinique de la servitude, la destination de la lettre chez Freud, chez Lacan et chez Derrida, les enjeux de l’interprétation, la logique imaginaire du nom propre, les pulsions de cruauté et de pouvoir, notre résistance à les penser … et cette année l’Einfall, le surgissement de l’idée incidente. Autant dire que nous voyons une continuité, et même une urgence, entre la nécessité de penser ce qui vient en analyse et celle de penser les temps à venir.

Anne Bourgain – Manuel Pérez Rodrigo

Présidente de séance : Maryse Martin

 

  • MERCREDI 22 JUIN 2016

Pierre BOISMENU

Evénement, existence

Il y a eu ces attentats, et la circulation entre nous à leur propos de ce nom d’événement emmêlant politique et psychanalyse, avec des appels à en penser, en dire, voire en faire « quelque chose », comme analystes, y compris sur la place publique. Du trouble qui s’en est suivi, est né un désir, de mettre au travail ce signifiant d’événement. Dans une double direction. Du côté « extrinsèque » de l’articulation entre psychanalyse et politique, il m’est paru nécessaire de revenir sur cette épineuse et récurrente question, en particulier pour ne pas céder sur l’hétérogénéité de ces deux praxis, tout en en repérant de possibles nouages. Du côté « intrinsèque », il m’a semblé pertinent de faire davantage usage du terme d’événement, pour rendre compte de notre pratique quand dans une cure il « se passe quelque chose », soit : ce qu’on nomme « acte analytique » et que s’ensuit un effet sujet, soit : de se porter au-delà d’une reconnaissance, à l’existence. Il s’agira finalement de montrer en quoi l’acte peut rendre efficient le souci éthique d’une politique du sujet, manière de renouer avec le thème « Acte, éthique et politique » qu’a proposé au Cercle freudien il y a un an et demi Philippe Beucké.

Présidente de séance : Maryse Martin

 

 

  •  MERCREDI 6 JUILLET 2016

Richard BRODA

L’actualité nous sollicite à relire le « Malaise dans la civilisation », soit « une autre écriture de la théorie de la culture » (Freud) mais aussi bien de la civilisation, puisque, dans la langue de Freud, ce sont les deux faces d’un même terme. Dans l’« Avenir d’une Illusion » (1926) et dans le «Malaise » (1929), le « Gut » a également un sens double : le bon comme salutaire vertueux, de bonne (foi) et le bien comme fortune, propriété, bien immobilier. Cette mise en rapport des deux faces du « Gut » est initiée par Freud et poursuivie par Lacan dans « L’Éthique de la psychanalyse » (1960).

C’est opportunément que Nabile Farés nous invite dans la dernière livraison de « Che vuoi? » (Oupire, p 192) à relire Freud : « La culture-civilisation englobe tout le savoir et tout le savoir-faire que les hommes ont acquis afin de dominer les forces de la nature et de gagner sur elle les biens pour la satisfaction des besoins humains (Befridigung der menlischer Befurdnis) et d’autre part, tous les dispositifs (Einrichtungen) qui sont nécessaires pour régler les relations des hommes entre eux et en particulier la répartition des biens accessibles ». Nous sommes au cœur du sujet. La citation de Freud se poursuit ainsi : « Ces relations de la culture ne sont pas indépendantes l’une de l’autre, premièrement parce que les relations mutuelles des hommes sont profondément influencées par la mesure des satisfactions pulsionnelles (Triebbefridigung) que permettent les biens disponibles, deuxièmement parce que l’homme lui-même est susceptible d’entrer avec un autre dans une relation qui fait de lui un bien ».

Qu’est-ce-à-dire, demande N. Farés, un bien ? C’est une propriété, un domaine, une proie et aussi comme le dit Freud, dans le Malaise, une force de travail, un objet sexuel.

Freud n’est pas un réactionnaire même s’il n’est pas idéologiquement progressiste. Et son jugement n’est pas pris en défaut quand, après avoir critiqué les Soviets, il souligne que l’abolition de la propriété privée (laquelle est cause de violence, pour les communistes d’alors) ou du droit individuel aux biens matériels (Dinglichgutes), n’a pas supprimé le penchant à l’agression… et l’a même ravivé.

Lacan reprend la question du bien dans l’Éthique (en particulier, dans le chapitre sur la fonction du bien, Ed. du Seuil). Il suggère que « la disposition du bien est essentielle et si on la met au premier plan, tout vient au jour de ce que signifie la revendication de l’homme parvenu, à un certain point de son histoire, à disposer de lui-même ». Mais pour conclure : « la dimension du bien dresse une puissante muraille sur la voie de notre désir ».

« L’ordre symbolique n’est plus ce qu’il était » titrait avec nostalgie un récent colloque de psychanalystes. Probablement, la prédominance contemporaine de l’économique, mais aussi la vitesse de circulation de l’information ne sont pas sans influence sur le sujet. Aujourd’hui, le Malaise est aggravé dans ses conséquences par une montée en puissance d’une économie-monde et par l’inégale répartition des plus-values collectées. Ces problématiques nous incitent à reprendre la question du rapport du symbolique et de l’économique.

« L’Éthique à Nicomaque » est exemplairement relue par Marx et par Lacan dans une démarche d’élucidation de l’énigme de la valeur et de la monnaie. Rappelons que, pour Aristote, la monnaie (nomismata) est définie comme moyen d’échange pour un juste rapport entre deux marchandises, nécessaire à la vie en commun (koinona). Le chapitre suivant de son Éthique, est consacré à l’intempérance, aux déviations du désir (epithumia, appétit). Selon Aristote, la prospérité matérielle, l’accumulation des biens, n’engendrent pas le bonheur.

Notre civilisation contemporaine se règle sur la consommation des objets : ne faudrait-il pas dire : consumation du sujet, selon un mot de Lacan dans les années 70.

Les économistes multiplient les publications sur la problématique de la dette ; peut-être faut-il alors rappeler un concept central apporté par Lacan, présent dès le commencement de son œuvre : la dette symbolique.

Présidente de séance : Laurence Gilloire

  • MERCREDI 21 SEPTEMBRE 2016

    Karima LAZALI

Autour de son livre « La parole oubliée »
Éditions érès 2015

Ce livre tourne autour d’une question portant sur le statut de la parole en psychanalyse et pour la psychanalyse et ce, quel que soit le lieu d’effectuation de la rencontre entre un analyste et un analysant. Cependant, cette affaire comporte quelques particularités lorsque la cure s’exerce dans un contexte politique où la parole dite « libre » est exclue ou plus précisément mise à mal.
 Mon expérience de la psychanalyse à Alger dans un contexte où elle ne fait pas « symptôme social » pour reprendre cette formulation de Lacan, dans le sens où d’une part la psychanalyse se trouve éloignée du bain culturel dans lequel elle est née, et d’autre part où il n’existe ni tradition ni institution analytique, nous confronte à un certain nombre de questions sur les possibilités/limites de la cure.
 D’une manière étrange, ces questions peuvent se retrouver actuellement dans les institutions éducatives et de soins en France. En effet, une protocolarisation incessante vise à évacuer l’épaisseur de la parole et la pluralité des pratiques et des discours. 
Comment et en quoi ces situations rendent-elles lisibles l’étroitesse du lien entre psychanalyse et politique ? Et que révèlent-elles de l’indissiociabilité entre psychisme singulier et collectif ?
La réflexion proposée là s’engage comme une ballade autour de la parole, du corps et du Politique en psychanalyse à partir de situations géographiques, linguistiques et culturelles distinctes. Peut-être que le féminin pourrait être envisagé là comme une chance face à la soif de culture et la haine du multiple et du divers.
 
Présidente de séance : Maryse Martin
Discutante : Pascale Hassoun
 

 

  •  MERCREDI 12 OCTOBRE 2016

Fethi BENSLAMA

Autour de son livre
« Un furieux désir de sacrifice »
Le surmusulman
éd. Seuil

Comment penser le désir sacrificiel qui s’est emparé de tant de jeunes au nom de l’islam ? Cet essai propose une interprétation dont le centre de gravité est ce que j’appelle le surmusulman. Qu’il revête l’aspect d’une tendance ou qu’il s’incarne, il s’agit d’une figure produite par près d’un siècle d’islamisme. Je l’ai décelée dans ses discours et dans ses prescriptions, mais aussi à partir de mon expérience clinique. La psychanalyse ne consiste pas uniquement à « thérapeutiser » des gens à l’abri d’un cabinet. Son enseignement clinique permet d’explorer les forces individuelles et collectives de l’anticivilisation au cœur de l’homme civilisé et de sa morale. C’est pourquoi, ce qu’on appelle aujourd’hui « radicalisation » requiert des approches complémentaires, en tant qu’expression d’un fait religieux devenu menaçant et en même temps comme un symptôme social psychique. La désignation de surmusulmana ici valeur d’un diagnostic sur le danger auquel sont exposés les musulmans et leur civilisation. C’est la raison pour laquelle cet essai se termine par un chapitre sur le dépassement du surmusulman, en perspective d’un autre devenir pour les musulmans.
 
 Président de séance : Claude Spielmann
 
 
 

 

  •  MERCREDI 9 NOVEMBRE 2016
 

 

Geneviève Piot-Mayol, Lise Maurer, Psychanalystes.
« L’Art Brut, les dessins-messages de Laure Pigeon ».

Présentation  par Geneviève Piot-Mayol du livre de Lise Maurer Laure Pigeon, la femme plume, (fascicule 25 de la collection de L’Art Brut fondée par Dubuffet) . 

«  En 1945, Jean Dubuffet invente la notion d’Art Brut, après avoir découvert des œuvres créées dans l’ombre et dans les marges. Il fonde en 1964 , la collection dont le livre « Laure Pigeon, la femme plume » fête les 50 ans.

En voyant chez les spirites, peu intéressés, les dessins que  Laure Pigeon leur avait montrés, Dubuffet s’émerveille, et contacte aussitôt la belle-sœur de Laure, décédée depuis peu.L’année suivante en 1966, il écrit un article : La double vie de Laure. En 1967 il choisit un dessin d’elle pour en faire l’affiche de la grande exposition de l’Art Brut présentée au musée des arts décoratifs à Paris. Nous sommes loin des « arts psycho-pathologiques » !

N’est-ce pas un acte politique de faire connaître des créateurs qui seraient restés ignorés sans cette reconnaissance dans la cité ?

A travers ce long journal de deuil (expression de Lise Maurer) commencé à 53 ans et poursuivi jusqu’à la fin de sa vie, 500 dessins tracés à la plume et à l’encre et des textes appelés messages, Laure Pigeon n’accomplit-elle pas un travail analogue à celui d’une analyse. En différentes périodes, initiées chacune par des pertes, elle opère des transformations dans l’œuvre, et en elle-même semble-t-il.

Ces  « passages » pourraient-ils être qualifiés d’actes, au sens où Lacan entend l’acte analytique ?

Tout au long de l’œuvre une énigme semble posée à qui regarde.

Dessins messages chers secrets, peut-on lire, quel est ce secret qu’il faudrait révéler tout en le cachant ? 

Pour suivre ce parcours aussi précisément que dans son livre, Lise Maurer nous projettera les photographies de certains dessins en les commentant. Images dans lesquels la lettre se fait dessin et le dessin se fait lettre, d’un même geste. Dans la période des grands dessins bleus, certains mots, des prénoms, se devinent dans l’épaisseur des traits, d’autres éclatent au grand jour.

L’instance de la lettre est-elle ce qui anime le dessin ?

Lise Maurer, psychanalyste, ancienne psychiâtre des hopitaux, est l’auteur de :
– Emile Hodinos Josome, L’Art Brut N° 18 (Lausanne 1994)
– Le remémoirer de Jeanne Tripier (Erès 1999)

– Laure Pigeon, la femme plume, L’Art BrutN°25
Elle a écrit aussi de nombreux articles.

Présidente de séance, Nicole Sorand.

  • MERCREDI 23 NOVEMBRE 2016

Jean-Yves BROUDIC

La ‘mort subjective’ dans le transfert

La ‘mort subjective’ est une expression que l’on rencontre dans les séminaires de Lacan à maintes reprises, à côté d’autres dans le même registre : la disparition du sujet, la mort du sujet, l’aphanisis, la néantisation de l’être…
Une telle notion a-t-elle quelque intérêt dans la cure ? Nous nous proposons de déplier cette question à partir de l’hypothèse suivante : la mort subjective se manifeste dans la cure lors de moments d’ensommeillement, de forte somnolence, peut-être de sommeil, de l’analysant ou… de l’analyste ; et diversement selon l’hypothèse de structure : névrose, psychose, perversion et non – dupes.
Cette notion peut aussi avoir un intérêt pour penser certains passages à l’acte suicidaires et terroristes.
Lacan a dit : le transfert, c’est l’actualisation de la réalité de l’inconscient, et cette réalité est sexuelle. On ajouterait alors : et cette réalité est aussi celle de la mort subjective.

  • MERCREDI 7 DÉCEMBRE 2016

Jean-Mathias PRÉ-LAVERRIÈRE

CULPABILITÉ ORIGINELLE

La culpabilité névrotique est l’effet d’un conflit entre le moi et un surmoi qui abat sa main sur lui sans égards. Avec le temps, le travail analytique permet d’en repérer la genèse, d’en éclairer les bénéfices et les inconvénients, d’en soulager le poids. Mais elle peut en cacher une autre, énigmatique aussi bien pour l’analysant que pour l’analyste, qui gâte la joie de vivre et qui peut aller jusqu’à la rendre impossible.
Elle est toujours plus manifeste chez ceux qu’elle frappe, malgré une longue perlaboration des traumas, des peines, des dommages, de l’agressivité et du sadisme. Elle signale le problème général que pose l’existence d’une faute opaque, certes mise en récit par le mythe, mais sans explication, et qui ne peut trouver place dans aucun fantasme.
Sans prétendre venir complètement à bout de cette énigme, on proposera des hypothèses de nature à guider la conduite de la cure.

Discutante : Monique Tricot
Présidente de séance : Laurence Gilloire