À l’occasion de l’invitation faite à Suzanne Ginestet-Delbreil au Cercle freudien le 26 juin 2021
Jean-Yves Broudic et Daniel Weiss ont écrit chacun un texte à propos de son livre.
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RENCONTRE AVEC SUZANNE GINESTET-DELBREIL,
auteur de Petite histoire du désir au féminin. Des bases érotiques de la domination masculine.
Jean-Yves Broudic
Suzanne Ginestet-Delbreil vient de publier son septième livre, l’ensemble de ses ouvrages constitue une œuvre qui vaut le détour.
Suzanne a commencé à pratiquer la psychanalyse dans les années 1970, tout en découvrant l’œuvre de Lacan et en participant aux travaux de l’Ecole Freudienne de Paris EFP, dont elle était membre. Elle a été en contrôle avec Lacan pendant deux ans dans cette période.
Elle a été active également durant les années 1980 et 1981 où la dissolution de l’EFP est mise en œuvre : pendant plus de deux ans Suzanne est alors co-directrice de la publication ‘Entretemps’ qui recueillait les textes des opposants à ce processus. (Pour mémoire, le Cercle Freudien est issu de cette mouvance.) Suzanne a ensuite participé à la création de la SPF (Société de Psychanalyse Freudienne), dont elle est toujours membre et elle écrit régulièrement des articles dans la revue Les Lettres de la S.P.F. (Edition Campagne Première)
En préambule, je rappelle ceci : on sait qu’en son temps, et surtout au début de son enseignement, Lacan a interrogé et renouvelé de nombreuses notions et concepts de la psychanalyse de son époque, post-freudienne. Dans la période actuelle, quand on voit la redondance de certaines formules et expressions lacaniennes dans certains textes analytiques, il n’est pas inutile de les soumettre aussi à un examen critique, d’interroger leur genèse et leur pertinence. Quelques analystes le disent et le font, dont Suzanne Ginestet-Delbreil.
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À propos de la Petite histoire du désir au féminin
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En finir avec l’éternel féminin ?
À propos de la Petite histoire du désir au féminin de Suzanne Ginestet-Delbreil
Daniel Weiss
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Avec sa Petite histoire du désir au féminin sous-titrée : « Des bases érotiques de la domination sociale masculine », Suzanne Ginestet-Delbreil reprend une question qui a déjà suscité d’innombrables publications dans le champ analytique. En très peu de pages, et d’une manière très claire, elle développe un point de vue original invitant à reconsidérer un certain nombre « d’acquis » de la doxa psychanalytique, tout spécialement lacanienne. Suzanne Ginestet-Delbreil est une lectrice attentive de Freud et de Lacan, ses précédents ouvrages le prouveraient, si besoin en était. C’est sans doute ce qui lui permet de soutenir, avec une grande pertinence, une position critique sur plus d’un point.
Pour poser les questions qui sont les siennes et développer son point de vue elle nous rappelle ce que nous savons déjà mais que nous ne cessons d’oublier, pris que nous sommes dans le transfert imaginaire : nos maîtres ne pensent pas seuls. Ils pensent avec…, contre…, et parfois (souvent ?) tout contre…, et cela tout particulièrement lorsqu’il est question des femmes, des supposées particularités de leur désir et de leur jouissance.
C’est vrai de Freud qui développe ses conceptions de la sexualité féminine et de la féminité en dialoguant avec E. Jones, bien sûr, mais aussi, ainsi qu’il le rappelle lui-même, avec toute une série de femmes (J. Lampl de Groot, H. Deutsch, K. Horney, R. Mack Brunswick et bien d’autres).
C’est vrai aussi de Lacan qui n’hésite pas à citer ceux avec qui il dialogue, à condition qu’ils soient passés à la postérité depuis longtemps : Platon, Aristote, Descartes, et tant d’autres… C’est un peu différent quand il s’agit de ses contemporains… ou contemporaines. Or, pour Suzanne Ginestet-Delbreil, les travaux de Michèle Montrelay des années 1970[2] sur la féminité sont sans aucun doute déterminants dans le développement de la pensée de Lacan sur cette question. Non qu’il la suive, mais parce qu’ils constituent un point d’appui à partir duquel il développe ses propres avancées sur les jouissances, et la spécificité féminine pas toute phallique. En cela ce que développe Michèle Montrelay représente, pour Suzanne Ginestet-Delbreil, une référence majeure sur la question, au même titre que les élaborations de Freud ou de Lacan.
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En finir avec l’éternel féminin ?