L’errance moderne des sujets non-dupes.
Pourquoi parler des non-dupes plutôt que des border-line ou des états limites ?
Jean-Yves Broudic

D’un côté la névrose, de l’autre la psychose, et entre les deux : un espace flou désigné dans le passé par des termes tels que pathologies narcissiques, états-limites, borderline, et pensé parfois sous forme de perversion collective ou de psychose ordinaire. 

Aujourd’hui, ce n’est pas la névrose (sous l’égide du refoulement) que rencontrent majoritairement les psychanalystes. La clinique contemporaine s’est diversifiée, en lien avec des évolutions sociétales : en témoignent les addictions, les toxicomanies, les passages à l’acte, les maladies psychosomatiques, les troubles dans l’identité sexuelle….

En 1973-1974, Lacan parle des sujets non-dupes comme ‘désabonnés de l’inconscient’. Être dupe, sans être idiot, c’est s’inscrire dans le champ du langage et du rapport à l’autre. Être non-dupe, c’est refuser les semblants et les équivoques de la langue. Penser ces questions nécessite alors de tenir compte des effets du passé tragique du XXe siècle sur les générations actuelles.

Comment les analystes travaillent-ils avec les patients qui relèvent de ces problématiques, qui présentent des difficultés de subjectivation ? Ni le silence, ni l’interprétation ne conviennent. Quelles inventions dans le maniement du transfert ces situations nécessitent-elles ? Quelles trouvailles du côté du sujet ? 

Ouvrages de référence :

J. Lacan : Les non-dupes errent. Séminaire 1973 -1974 

S. Ginestet-Delbreil : Du désaveu à l’errance. Un préalable à la perversion et à d’autres phénomènes. Edition Diabase, 2003 

S. Ginestet-Delbreil et J.Y. Broudic : Mémoire et Transmission. Edition Campagne Première, 2015