NOBLESSE DU DÉSIR
Désir de soigner
Que le désir est l’essence même de l’homme
Cupiditas, absolute considerata, est ipsa hominis essentia
Spinoza Prop. LXI Démons. (Éthique p.437)
À son unique désir, celui qui désire en désirant
Unice expectationi sue qui expectans expectat
Lettres des deux amants Lettre 37
Ce médecin sur le divan avait une petite dizaine d’années quand il a été touché par la fragilité que révélait sa mère. Elle s’était retirée à l’abri de la ville, dans la maison de campagne, auprès de sa mère quand on lui a proposé de leur rendre visite. On lui avait dit qu’elle se reposait. Somnolente sur une chaise-longue, sa mère était comme absente à sa venue, longtemps silencieuse. La seconde image, très nette, est un petit mot qu’elle lui présente. Le contenu lui a échappé, c’était comme un appel infantile. L’écriture est tremblotante et chute au bout des quelques mots. Le patient perçoit alors que sa mère n’est pas celle qu’il connaît, qu’il est en présence d’une femme fragile et diminuée. Il veut alors intensément qu’elle guérisse, qu’elle redevienne comme avant. Il se dit qu’il sera son médecin.
Ce vœu devient un désir secret et sacré. Il ne le communique à personne. Trois ou quatre ans plus tard, il dit qu’il a ressenti comme un viol, lors d’une opération, le fait que l’anesthésiste et les médecins lui révèlent qu’ils ont forcé son secret. Son vœu de soigner sa mère a été authentifié par les médecins à son chevet. Il devient un désir qui peut-être nommé et qui a désormais les caractères d’un désir conscient qui soutient sa vie.
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