Dans le cadre de La Criée
Samedi 13 février 2021 en Zoom à 15h :
conférence de Catherine PERRET, philosophe et psychanalyste, autour du livre de Jean Amery de 1966 « Par de-là le crime et le châtiment » (éditions Actes sud 1995).
Catherine Perret a écrit en 2013 « L’enseignement de la torture, réflexions sur Jean Amery » (éditions du Seuil).
Annie Topalov, psychanalyste, sera sa discutante
seront également présents : Pascale Hassoun, Claude Spielman et Karine Murzda
De son expérience de la torture puis de la déportation à Auschwitz, Jean Améry a ramené un livre Au-delà du crime et du châtiment, qui témoigne de l’émergence d’un nouveau sujet politique. D’une figure politique du sujet déjà repérée par Robert Antelme : “Les héros que nous connaissons, de l’histoire ou des littératures, qu’ils aient crié l’amour, la solitude, l’angoisse de l’être ou du non-être, la vengeance, qu’ils se soient dresséscontre l’injustice, l’humiliation, nous ne croyons pas qu’ils aient été jamais amenés à exprimer comme seule et dernière revendication, un sentiment ultime d’appartenance à l’espèce.”
Porté par la commune détresse originaire des corps, ce sujet s’exprime par une solidarité ontologique de ces corps, indépendante des idéaux comme des identités nationales, sociales, de genre ou de « race » des individus. Une solidarité révélée par les récits de résistance issus des camps nazis. Qu’en est-il de ce lien primordial entre les corps ? De ce lien vital qui résiste quand plus rien ne résiste ? De l’articulation inédite qu’il révèle entre le singulier et le collectif ?
Ces interrogations que j’ai formulées dans L’enseignement de la torture suite à la progressive légalisation de la torture par un certain nombre de démocraties occidentales insistent dans nos sociétés avec le développement de l’experience economy, typique du néolibéralisme et, depuis la pandémie, avec la tentation des politiques publiques de virtualiser les échanges au maximum, comme s’il était possible de faire l’impasse sur le besoin qu’on les corps vivants parlants d’éprouver une proximité d’autant plus essentielle, qu’elle est garante de la faculté qu’ont les individus de décider pour eux-mêmes.