Alain Deniau
Numérique et psychanalyse

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Numérique et Psychanalyse
De l’emprise du numérique : extension, illusion ou aliénation du sujet

A. Deniau

Le numérique est une révolution au même titre que celle qu’a introduite Gutenberg. Le Sujet en est transformé dans son rapport à la connaissance et au savoir, à sa mémoire et à son intelligence donc à son efficience. Une telle rupture dans le rapport du Sujet à son Umwelt, à sa limitation intellectuelle et corporelleet donc à son discours, produit des effets psychiques d’exclusion mais aussi des effets d’exaltation et de toute puissance, qui deviennent collectivement un « réchauffement médiatique » selon l’expression de D.Boullier. Nous nous appuierons aussi sur André Leroi-Gourhan, Guy Mamou-Mani et surtout sur Sherry Turkle.

Le numérique est en premier lieu un technique de connaissance et de communication. A ce titre, il doit être comparé avec l’invention de l’imprimerie. Il modifie radicalement notre mode de communication avec les autres et démultiplie aussi notre mémoire, si l’individu parvient à s’en approprier la technique. Se l’approprier, c’est se l’incorporer sans angoisse pour que le recours à cette extension de son intelligence devienne une aptitude psychique personnelle. À chacune de ces étapes, intervient une possibilité d’arrêt, de blocage, dans l’acquisition de ce savoir nouveau dont la fonctionnalité était jusqu’alors inconnue. L’instant de franchissement dans cette acquisition peut déclencher un excès de jouissance, marque de l’expansion subjective. Comme pour l’usage de l’écriture dont on connaît bien les expressions psychopathologiques, (inhibitions, graphorrhée, sensations de puissance …) , l’acquisition ou l’échec de la maîtrise du numérique ouvre le champ d’une nouvelle clinique individuelle et collective.

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