Le jeune homme et la mort
Érotiques du désastre
Olivier Grignon
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Il est très difficile de faire entendre loyalement une voix masculine à ce niveau d’implication, surtout si par surcroit on ne veut pas omettre la tâche conceptuelle. De tous temps, dit Blanchot, les hommes se sont comportés d’une façon peu loyale vis-à-vis des sirènes ; ainsi Ulysse, obligé de s’attacher au mât pour ne pas succomber follement à leurs chants. Voilà l’enjeu que nous proposent Cristina Fontana et Marie-Ange Lebas-Royer : toucher le point où les hommes ne seraient plus contraints à s’attacher au mât pour trouver un passage dans l’infini sans que la jouissance phallique ne perde tous ses droits.
Je partirai donc du film d’Almodóvar, un film truqueur et déloyal, qui m’a mis dans une grande colère parce qu’il dévoie deux thèmes qui ont pour moi une grande importance : la tauromachie, et, disons, l’imputation de sujet – c’est-à-dire la nécessité de faire advenir, de dialoguer, avec le pré-sujet, le sujet aux racines du langage.
C’est une donnée intrinsèque à la naissance de la psychanalyse que de supposer du sujet au plus loin d’avant la conscience. Et même à ce stade primordial formalisé comme le socle du graphe lacanien, son rez de chaussée, que Freud saisit comme identification primaire et que Lacan réfère à une privation primordiale : expérience d’éveil du Il ou du Elle en relation directe avec l’existence de l’Autre où se présentifie le réel de l’objet(a), comme il le décrypte pour Moïse dans la rencontre du buisson ardent.
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