Le « désir-du-psychanalyste », son acte et ses passages à l’acte*
Introduction
Tout clinicien, psychologue, médecin (généraliste et surtout psychiatre), travailleur social, infirmière et, a fortiori, tout psychanalyste, peut se trouver un jour ou l’autre confronté au surgissement de l’amour ou du désir ‒ ou les deux ensemble ‒ dans la relation avec la personne qui les consulte. Les passages à l’acte sexuel font partie des risques de ces métiers, quelle que soit leur orientation théorique. Les conséquences sont la plupart du temps nocives ; mais il est difficile de s’en faire une idée car faire l’amour avec son soignant est un sujet qui fait encore l’objet d’un tabou. Le silence est le plus souvent maintenu tant du fait du clinicien que de sa patiente[1] ainsi que de l’institution professionnelle de ce dernier. Comme nous en avons toutes et tous fait l’expérience, en cas de psychanalyse, la naissance de sentiments amoureux et de désirs sexuels, fait partie du processus.
C’est au tout début de ma pratique que je fus confronté à cette question : convient-il qu’un analyste ait des relations sexuelles avec son analysante ? En effet, le plus lacanien des analystes bruxellois de cette époque et qui était l’analyste en vogue auprès de mes collègues, était connu pour ses invitations à passer du divan à son alcôve. Certaines de mes proches collègues s’y étaient refusées ; d’autres, y ayant cédé, l’avaient quitté et s’en plaignaient haut et fort. J’avais aussi appris que deux autres ténors, français cette fois, avait eux aussi invité une puis plusieurs de leurs analysantes à devenir leurs amantes. De mon côté, il m’arrivait d’éprouver un désir plus ou moins prononcé pour l’une ou l’autre de mes analysantes.
* Exposé au Cercle freudien le 17 octobre 2018. Version révisée en avril 2019
[1] J’en parlerai au féminin parce qu’il s’agit le plus souvent d’un soignant de sexe masculin et d’une patiente de sexe féminin.
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Le désir du psychanalyste, son acte et ses passages à l’acte