Pierre Boismenu – L’avérité de la lettre

 Textes issus du séminaire animé par Philippe Beucké et Pierre Boismenu au Cercle freudien. Ce texte est le premier d’une série de quatre. Qu’il soit lisible tel ne doit pas faire oublier qu’il s’inscrit dans un ensemble. C’est du parcours entier que se donnera pleinement la mesure de l’enjeu des propos énoncés par l’auteur.

Livre 1 : … En instance

Livre 2 : … En souffrance

Livre 3 : À destination

Livre 4 : Le fait même d’écrire.

Pierre Boismenu est psychanalyste à Limoges, membre du Cercle freudien.

 

Avec la parution de ces deux premiers textes d’une série de quatre, Pierre Boismenu dans une démarche rigoureuse et vive nous propose de le suivre dans un mouvement qui, à la suite de Lacan et de quelques autres, au fil du rasoir de la ligne côtière départage le continent philosophique de la grève psychanalytique. Insistante exigence de cette écriture pour de son discours « faire des psychanalystes ». Affaire de littoral pour restituer pleinement l’efficace de la lettre dans son rapport au réel.

  Nous avons ici l’écriture d’un discors analytique qui fait rupture et ouverture à ce qui serait clos pour les philosophes, et je nomme là J.-L. Nancy, Ph. Lacoue -Labarthe, J. Derrida. Notre auteur les revisite dans une lecture croisée pour, de cette lettre en instance, faire du sujet un effet de discours excluant que le sien fasse système. Première lecture qui décentre, le deuxième texte ne faisant que confirmer ce mouvement de retournement. Lettre en instance puis en souffrance, P. Boismenu nous propose alors de reprendre ce différend Lacan/Derrida. Dégager la psychanalyse d’une « erre derridienne », rompre avec une archi-écriture permet de penser l’inconscient comme texte à écrire dans la temporalité de la cure, dans le transfert. Passage d’un inconscient à déchiffrer à un inconscient réel, l’interprétation de l’analyste n’y étant pas lecture mais coupure pour que l’analysant ne soit pas texte mais, parasité qu’il est par le langage, fasse texte. Il aura à le signer en fin de cure, la dit-mansion de la vérité prenant alors sa pleine structure de fiction.

Ne nous trompons point, il ne s’agit pas là d’une nouvelle lecture philosophico- psychanalytique de Lacan, bien au contraire, dans un mouvement mœbien théorie-clinique, P. Boismenu réduit La vérité de la lettre qui n’existe pas à ce résidu de l’avérité pour s’en aguerrir.

Dans son mouvement même d’écriture il procède d’une « rapture » conceptuelle pour, à la suite de JLN-PLL, promouvoir une rupture textuelle. Il nous appartient, nous lecteurs, de soutenir l’auteur dans sa volonté d’analysant-écrivant de faire mésentente pour éviter le pire : à savoir le bien ou trop bien entendu ! Ne surtout pas trop bien le comprendre mais supporter d’être porté par une écriture qui est constante ouverture.

Philippe Beucké